Analyse des Marchés | n°4 | 2025

Vous pouvez découvrir notre Analyse des Marchés. Un document réalisé par nos conseillers en placement avec quatre sujets : retour sur les marchés, la vision pour la suite, la thématique choisie, nos experts vous répondent. Différents sujets mis sous la loupe de nos experts avec leurs visions de l’actualité et de l’économie.

Tous les trois mois, vous retrouverez sous format pdf dans votre boîte email ou sur notre site l’Analyse des Marchés de la BCJ. 
 

Analyse des marchés n°4 | 2025

Bryan Dick, Portfolio Manager Bryan Dick, Portfolio Manager

Nos experts vous répondent

Dans ce numéro, notre expert Bryan Dick, Portfolio Manager, traite de l'indépendance des banques centrales.

Vous aimeriez que nos experts traitent une thématique qui vous intéresse ? N’hésitez pas à nous écrire et à nous la proposer pour notre prochain numéro trimestriel.

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marches@bcj.ch

L’indépendance politique d’une banque centrale est un pilier fondamental de la stabilité économique moderne. Elle permet à l’institution de mener sa politique monétaire sans subir de pressions politiques à court terme, souvent motivées par des intérêts électoraux. En étant indépendante, la banque centrale peut se concentrer sur son mandat principal qui est, en principe, la stabilité des prix. Cela signifie qu’elle peut ajuster les taux d’intérêt et contrôler la masse monétaire en fonction des besoins économiques réels et non en fonction des préférences du gouvernement en place.

Cette autonomie renforce la crédibilité de la banque centrale auprès des marchés financiers. Les investisseurs ont davantage confiance dans une institution qui agit de manière prévisible, transparente et rationnelle. Une banque centrale soumise au pouvoir politique risquerait de financer les déficits publics par la création monétaire, ce qui pourrait entraîner une perte de contrôle sur l’inflation, voire une rupture de confiance. Ce fut le cas par exemple dans les années 2000 au Zimbabwe.

L’indépendance des banques centrales n’a pas toujours été une évidence. Historiquement, elles étaient souvent liées au pouvoir politique avec le rôle principal de financer les dépenses publiques, notamment en temps de guerre ou de crise. Cette proximité entre gouvernements et création monétaire a souvent conduit à des épisodes d’hyperinflation et à une perte de confiance dans la monnaie nationale. L’exemple de l’Allemagne dans les années 1920 est emblématique. L’ancienne Banque centrale allemande, sous pression politique, a massivement imprimé des billets pour financer les réparations de guerre, provoquant une hyperinflation dévastatrice pour le pays.

Ce n’est qu’au cours du XXe siècle, et surtout après les années 1970, que l’idée d’une banque centrale indépendante s’est imposée. Cette même banque centrale allemande ainsi que la Fed, pionnières en matière de rigueur monétaire, ont servi de modèles. En Europe, la création de la BCE en 1998 a marqué un tournant avec un mandat centré sur la stabilité des prix et une indépendance garantie par les traités.

Aujourd’hui, cette autonomie est devenue la norme dans les économies avancées, bien qu’elle soit parfois contestée. Elle résulte d’une évolution historique visant à protéger la politique monétaire des aléas et des intérêts du pouvoir politique.

Lorsque l’indépendance d’une banque centrale est fragilisée, les conséquences peuvent être lourdes tant sur le plan économique que sur la confiance des marchés. Cela se traduit souvent par une hausse des anticipations d’inflation, une plus grande volatilité des taux d’intérêt et une dépréciation de la monnaie.

Un exemple frappant est celui de la Turquie où le président Erdogan a exercé une forte pression sur la banque centrale pour maintenir des taux bas malgré une inflation élevée. Cette ingérence a provoqué une perte de confiance des investisseurs, une chute de la livre turque et une inflation galopante illustrant les risques d’une banque centrale soumise au pouvoir exécutif.

Même dans les économies développées, une remise en question, ne serait-ce que symbolique, de l’indépendance peut engendrer des effets négatifs. Aux États-Unis, les pressions répétées de Donald Trump sur la Fed pour abaisser les taux ont suscité des inquiétudes sur l’autonomie de l’institution.

L’indépendance d’une banque centrale n’est donc pas un luxe institutionnel, mais une condition essentielle pour garantir la stabilité macroéconomique et préserver la confiance des acteurs économiques.

Bien que les banques centrales soient des institutions indépendantes, cela ne signifie pas qu’elles aient toujours raison. Leurs décisions reposent sur des modèles économiques, des anticipations et des données parfois incertaines. Il est donc légitime que leur politique monétaire fasse l’objet de débats et de critiques.

L’histoire montre que certaines décisions ont été contestées a posteriori. La Fed, par exemple, a été critiquée pour sa réaction tardive face à l’inflation post-COVID. De même, la BCE a été accusée de lenteur pendant la crise de la dette souveraine. Ces discussions sont essentielles pour améliorer la transparence et affiner les outils de politique monétaire.

Remettre en question une politique ne revient pas à contester l’indépendance de l’institution. Au contraire, un débat public éclairé renforce sa légitimité démocratique. D’ailleurs, les banques centrales encouragent souvent ce dialogue, en publiant des rapports, en organisant des conférences et en expliquant leurs décisions de manière pédagogique.

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